Écoquartier Plaines-du-Loup
Éco-gentrification
Éco-gentrification
La gentrification correspond à un processus par lequel la composition sociale d’un quartier est revue au détriment des classes sociales moins aisées. L’éco-gentrification est relatif à la transformation sociale d’un territoire qui découle d’un contexte de développement basé sur des initiatives écologiques.
Gentrification
Un exemple connu d’éco-gentrification est le projet du High Line à New York. Le risque est qu’une intervention dite « verte » ait des répercussions directes dans le tissu bâti voisin. Ce fut le cas avec ce projet, qui malgré des intentions louables, a transformé drastiquement la composition sociale des différents quartiers traversés par le parcours suspendu. Après son ouverture en 2014, les logements modestes qui entouraient la High Line ont tranquillement été remplacés par des appartements luxueux.
« On n’a vraiment pas fait attention aux besoins en logement abordable, qui sont devenus criants avec le parc surélevé », explique Ana Krejcarek, directrice de l’ONG The High Line, créée par les architectes du projet pour lutter contre l’éco-embourgeoisement.
Un autre cas montre que l’éco-gentrification peut aussi être amené de façon volontaire. Dans son article, Chastenet (2016) mentionne une étude portant sur le cas de Tianjin, qui serait un projet catalyseur de gentrification sous le couvert de résolutions écologiques : « Caprotti (2014) asks similar questions about the case of Tianjin, which is an instrument of political marketing producing new rich and poor social classes. Most often, eco-neighbouring results in gentrification. »
Partage de l’espace urbain
Ce concept d’éco-gentrification peut également s’appliquer à des projets de requalification d’un secteur complet d’une ville. C’est d’ailleurs le risque au quartier des Plaines-de-Loup de Lausanne.
Cependant, selon Marc-André Carignan, chroniqueur en politique, affaires municipales et développement urbain, le problème ne réside pas dans le concept d’éco gentrification, mais bien dans son application et son encadrement. Des politiques publiques bien définies peuvent permettre de préserver une mixité sociale permettant à l’éco-gentrification d’avoir des répercussions positives dans la vitalité des quartiers.
Au quartier des Plaines-de-Loup, une politique de mixité sociale a été mise de l’avant par les autorités grâce à un double principe de diversité. Celui-ci passe d’abord par une répartition en quart des investisseurs afin que les marchés privés, publics, coopératifs et communaux soient équitablement présents dans l’écoquartier. Le co-responsable du projet, M. Ulrick Liman, souligne la mixité fonctionnelle, 30 % activités et 70 % de logements, jumelée à des objectifs de mixité sociale suivant la « règle des trois tiers » : 1/3 de loyers contrôlés, 1/3 de coopératives d’habitants et 1/3 de marché libre. (Liman, conférence SIPA, 2013)
Diller Scoffidio + Renfro Photo par Mark Lennihan/AP
Diller Scoffidio + Renfro Photo par Mark Lennihan/AP
Sonnette, « Aux Plaines-du-Loup, l’urbanisme négocié à la lausannoise », 7.
Piste de solution
Pour la professeure Jennifer Wolch du département de développement urbain de l’Université de Berkeley, le « problème vient du fait que l’on souhaite mettre en place des « grands projets », susceptibles d'être inaugurés et « dévoilés » au public à un moment précis, dans une logique de communication politique autour de la rénovation urbaine. »
Cela ne semble pas être le cas en ce qui concerne le projet des Plaines-du-Loup. En effet, la ville a misé sur une participation citoyenne s’échelonnant sur plusieurs années en amont des éventuelles interventions. Des consultations publiques, un forum en ligne ainsi que mandats d’étude parallèles (MEP) participatifs citoyennes constituent quelques exemples d’inclusion des citoyens dans le processus de conception.
MEP – mandats d’étude parallèles, une alternative aux concours d’architecture. Ils permettent d’étudier différentes solutions ou pistes de réflexion en comparant ou en combinant les propositions de plusieurs bureaux invités à y participer.
Photo par Mashka
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